jeudi 24 octobre 2019

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon


Jean-Paul Dubois

L’Olivier, 2019

Prix Goncourt 2019


Je ne suis pas du genre à m’embarrasser de scrupules lorsqu'il s'agit de refermer définitivement un livre qui ne me convainc pas. Et, bien que j’aime beaucoup Jean-Paul Dubois, j’ai été à deux ou trois reprises à un cheveu d’abandonner celui-ci. Parce qu’à vrai dire l’histoire de ce monsieur-tout-le-monde qui se trouvait incarcéré avec un hells aussi massif et effrayant que finalement pas-si-barbare-que-ça me paraissait un brin manichéenne, et je ne voyais vraiment pas où l’auteur voulait en venir... Bref, pour tout dire, je m’ennuyais un peu. 
Mais à chaque fois que j’ai pensé passer à autre chose, l’écrivain au style et son ton inimitables a su d’une phrase élégante ou de quelques lignes pleines de grâce me rattraper in extremis et m’inviter à poursuivre ma lecture...

Bien m’en a pris. Car, même s’il m’a semblé tardif, le déclic s’est produit. On voit peu à peu se dessiner les raisons qui ont conduit Paul Steiner en prison et, tout en découvrant progressivement son histoire et sa vie, avant même que n’apparaisse le dénouement attendu, on est gagné à sa cause et l’on éprouve, imperceptiblement, de l’empathie à son égard.
Alors, même si les personnages sont tous un peu caricaturaux, à l’image du co-détenu de Paul qui finit néanmoins par nous attendrir (en tout cas, qui m’a attendrie), si les situations sont parfois un peu grossières, le tout offre, comme toujours chez Dubois, une vision du monde tendrement désabusée. Mais, si l’auteur ne se fait aucune illusion sur la gent humaine, il n’en tire pourtant aucune amertume ni aucun ressentiment, et c’est ce qui fait tout son charme.

D’autant que si certains des personnages qu’il dépeint peuvent se montrer particulièrement odieux, mesquins, médiocres et révoltants, force est de constater que nous en connaissons de tous de tels (en tout cas, moi j’en connais) et franchement, ça fait un bien fou de les voir ainsi démasqués et passer un sale quart d’heure. Même si cela reste dans le cadre de la fiction...

Si Dubois me semble un bon candidat pour le Goncourt, ce ne serait toutefois pas selon moi pour ce titre-là (et je ne dis pas ça seulement parce qu’il a concurrent sérieux !). Nous saurons très prochainement ce qu’en pense le jury...
En attendant, cette lecture m’aura permis peut-être de remettre en cause l’un de mes grands principes de lecture, à savoir qu’on n’est jamais obligé de finir un livre...




Jérôme, qui est un inconditionnel de l'auteur, a beaucoup aimé.

29 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord avec toi, oui !

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  2. Nous sommes à peu près d'accord sur ce livre, moi aussi il m'a rattrapée grâce à son style...

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  3. Pas lu cet auteur... du moins pas encore peut-être. Quoique, c'est difficile de suivre l'actualité littéraire. Par contre, quel beau titre.
    Bonne journée.

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    1. Oui, je l'aime beaucoup aussi. Et il convient si bien au roman...

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    1. Ce n'est peut-être pas par celui-ci que je te recommanderais de commencer...

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  5. J'avais été déçue par "La succession" et ce livre m'a réconciliée avec cet auteur grâce à son style.

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  6. Deuxième avis "négatif" que je lis aujourd'hui (voir Krol). Je compte découvrir l'auteur mais peut-être pas avec celui-ci.

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    1. C'est drôle de voir la perception qu'on peut avoir de cet avis. Moi-même, je suis très embarrassée pour dire si j'aime ce livre ou pas, ou plutôt si je le trouve bon ou pas. Je l'ai fini le coeur serré, j'ai aimé l'atmosphère, le style et le ton de l'auteur. Cela suffit-il à effacer l'ennui d'abord ressenti...?

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  7. C'est un auteur qui ne m'a jamais emballée, mais j'entends des choses très positives sur ce roman, je tenterais peut-être. Le Goncourt semble promis à Amigorena mais les membres de l'Académie aiment bien déjouer les pronostics, alors on n'est pas à l'abri d'une surprise ;-)

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    1. Tu veux dire qu'on n'est pas à l'abri que ce soit Olivier Rolin qui l'ait ? :-))

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  8. En fait,ça m'arrive aussi d'avoir envie d'abandonner et d'être rattrapée ou avertie par une sorte d'instinct... Car cela arrive effectivement qu'en cheminant,les bonnes sensations arrivent.
    Il faudra que je réessaye Dubois, je m'étais fatiguée à force de ne pas retrouver l'enthousiasme de pour Une vie française...

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    1. C'est vrai qu'"Une vie française" reste pour moi aussi mythique. Mais avec "La succession", notamment, j'avais retrouvé cet enthousiasme dont tu parles.

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  9. les critiques que j'ai jusqu'à présent ne m'ont pas franchement emballée, mais j'ai envie de le lire quand même :-)

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    1. Si tu as déjà lu Dubois et que tu apprécies cet écrivain, tu retrouveras son style et pourras en éprouver du plaisir...

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  10. Le style Dubois me séduit toujours, c'est vrai. Que veux-tu, ce n'est pas à toi que je vais apprendre ce qu'est un écrivain chouchou :p

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  11. Tiens, c'est amusant ce que tu dis à propos de la remise en cause de ton grand principe de lecture car je suis moi aussi dans une remise en cause mais à l'inverse ! Jusque-là j'étais dans une démarche jusqu'au-boutiste et il n'était pas question de ne pas terminer un livre. Mais je peine tellement à avancer dans la lecture du dernier Laurent Binet (je vais aller lire ta chronique) que je perds un temps précieux de vacances pour lire...Pourtant, c'est un auteur dont j'ai beaucoup aimé l'ouvrage précédent.
    Bon, en tout cas, j'attends d'être dans une période plus enthousiaste côté lecture pour découvrir celui-ci !

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    1. Oui, enfin je dis ça, mais je ne vais pas changer mon fusil d'épaule pour autant. D'abord parce qu'il y a trop de livres à lire pour s'enquiquiner avec ceux qui ne nous emballent pas. Ensuite parce que quand j'abandonne un livre, c'est que rien ne me retient : ni le sujet, ni la façon dont il est exploré, ni le style. Or là, il y avait quand même le style, c'est lui qui m'a retenue...

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  12. Les avis sont assez contrastés sur ce roman ; je le prendrai à la bibli, sans urgence (je n'ai pas encore lu l'auteur).

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    1. Dans ce cas, je te recommanderais plutôt "Une vie française", ou "La succession" si tu en veux un plus récent.

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  13. Une lecture qui m'avait embarqué (j'avais adoré le co-prisonnier).

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  14. Jamais lu cet auteur mais je retiens tes autres suggestions de titres plutôt que celui-là.
    Et pour ma part, impossible d'abandonner un livre, c'est maladif ;-) bon à l'occasion, ça m'a permis d'avoir des bonnes surprises sur la fin, comme toi avec ce roman.

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    1. Mais comme je l'ai dit plus haut, même si je ne suis pas complètement emballée, il faut quand même qu'il y ait quelque chose pour que je m'obstine. Ici, c'était le style et la grâce de l'auteur.

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  15. Marie a adoré -elle est tombée amoureuse de Dubois (il a épousé une Québécoise donc il ne peut être que bien LOL). Te lire change radicalement de son billet. Je n'avais déjà aucune envie de le lire et tes bémols me disent que oui, trop de livres, trop peu de temps ! et j'abandonne sans regret également (en laissant une chance quand même ...)

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