samedi 9 mars 2019

San Perdido


David Zukerman

Calmann Levy, 2019



Au vu de l’enthousiasme qu’a soulevé ce livre auprès de mes amis des 68 Premières fois, c’est avec une certaine exaltation que j’en ai entrepris la lecture. Je préfère donc vous prévenir d’emblée: mes mots vont détonner dans ce concert de louanges. Car je vous l’annonce tout de go, je me suis ennuyée ferme et, si je n’avais reçu ce roman dans le cadre des 68, je l’aurais très certainement abandonné en cours de route...

Peut-être êtes-vous déjà en train de vous indigner, ou du moins de vous étonner, en lisant ces lignes. Mais j’ai trouvé ce texte décousu, les liens entre les principaux protagonistes ne nouant pas selon moi une intrigue solide. On suit tantôt l’un tantôt l’autre, au gré... je ne sais pas vraiment de quoi ; on quitte une héroïne pour la retrouver quelques chapitres plus loin sans qu’elle prenne une quelconque consistance... Bref, je ne m’y suis absolument pas attachée. Et à aucun moment je n’ai saisi quel était l’objet ou l’ambition du roman. Si on me demandait de dire en deux ou trois phrases quel en est le coeur, le propos, je crois que j’en serais incapable.
Je n’ai pas trouvé non plus la peinture sociale ou historique que j’avais imaginé trouver, ou si peu. Quelques pages seulement sur les Cimarrons à la toute fin du roman. Mais une notice Wikipedia aurait tout aussi bien fait l’affaire.

Et surtout, ce texte m’a semblé n’être rien d’autre que l’expression des fantasmes féminins et sexuels de l’auteur. Car s’il y a une chose qui est parfaitement dépeinte, ce sont les courbes harmonieuses et la nature de la beauté presque surnaturelle des deux véritables bombes que sont Yumna et Hissa qui «ondulent» à longueur de page - jamais je n’ai vu ce mot autant de fois répété ! Eh oui, mesdames, sachez que lorsque nous nous déplaçons, nous ne marchons pas, mais nous avançons en faisant onduler nos hanches ! 
Quant à la complaisance avec laquelle ces femmes se soumettent au désir priapique des hommes, quand bien même elles auraient été contraintes de faire commerce de leur corps depuis leur plus tendre enfance, comme Hissa, j’avoue qu’elle a eu du mal à passer. Mais c’est bien connu, nous aimons ces hommages rendus par la gent masculine ! A l’image de ces « deux métisses pulpeuses dont les hommes flattent parfois la croupe sans qu’elles se départissent d’une bonne humeur contagieuse.» Eh oui, une bonne main aux fesses, ça fait toujours plaisir et ça met l’ambiance ! 

Si encore le roman avait fait 200 pages, j’aurais peut-être été moins sévère. Mais il en compte un peu plus du double, et vous comprendrez donc que j’aie trouvé la potion un peu amère...


Allez, je vous mets quand même le lien vers le billet de Nicole, qui offre un vrai contrepoint au mien !



A la ligne, Joseph Ponthus, La Table Ronde
Des hommes couleur de ciel, Anaïs Llobet, L'Observatoire
Ecorces vives, Alexandre Lenot, Actes Sud noir
Ivoire, Niels Labuzan, Jean-Claude Lattès
L'Appel, Fanny Wallendorf, Finitude
Le matin est un tigre, Constance Joly, Flammarion
Les heures solaires, Caroline Caugant, Stock Arpège
Les petits garçons, Théodore Bourdeau, Stock Arpège
L'odeur de chlore, Irma Pelatan, La Contre-Allée
Saltimbanques, François Pieretti, Viviane Hamy
San Perdido, David Zukerman, Calman-Levy
Tête de tambour, Sol Elias, Rivages
Varsovie-Les Lilas, Marianne Maury-Kaufamann, Héloïse d'Ormesson
Vigile, Hyam Zaytoun, Le Tripode








25 commentaires:

  1. Oh là là, ma chère Delphine, tu n'étais vraiment pas d'humeur pour cette lecture on dirait. Prenons les choses du bon côté, la déception c'est fait... la prochaine devrait être un coup de cœur si on se fie à tes statistiques personnelles dans les 68 premières fois :-)

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    1. Oui, oui, exactement ! Avec les 68, je connais des émotions fortes, et c'est ce que j'aime !

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  2. Je viens aussi de chroniquer un roman par ailleurs encensé et c'est aussi l'ennui qui a dominé ma lecture de "My Absolute Darling". On a parfois du mal à comprendre l'enthousiasme des autres, c'est certain, mais ici on comprend très bien que tu n'as pas aimé "San Perdido" :-)

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  3. Bon, eh bien, le voilà rhabillé pour... le printemps ! ;-)
    J'ai bien repéré le côté un peu sexiste des remarques sur les courbes de ces dames, mais ça ne m'a pas empêchée d'apprécier l'ensemble, comme un bon roman d'aventures, avec la vengeance comme moteur. Je me doutais qu'à un moment ou un autre quelqu'un ou quelqu'une n'apprécierait pas ! ;-) (ça me rappelle, en son temps, mon avis sur Yeruldegger !)

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    1. Mais ? Tu l'as lu ? Je ne me rappelle pas avoir vu passer ton billet !!!

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  4. Tu m'as fait rire...! Je ne sais pas si j'ondule du popotin en marchant mais une chose est sûre, tu viens de sacrément refroidir mes ardeurs...! ^^

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    1. :-D
      Bon, va quand même les réchauffer chez Nicole (ou chez d'autres, d'ailleurs) ! Il semble que je sois assez seule à ne pas avoir apprécié ce roman... (Mais j'avoue que je suis un peu surprise que d'autres femmes n'aient pas été au moins un peu gênées par le traitement des personnages féminins.)

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  5. Tu es la première parole détonnante sur ce roman en effet, mais au moins tes griefs sont clairs ! Du coup, il passe d'un haut de liste à pas très urgent ... Aifelle.

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    1. Quand on est aussi sévère, c'est bien le moins d'expliquer pourquoi !

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  6. Je n'ai pas lu ce roman, mais il m'intéressait bien sûr de savoir ce que vous en pensiez. Je n'avais déjà pas très envie de m'y plonger, alors...
    Cependant j'ai ondulé d'une manière lascive pendant toute la lecture de votre billet et j'espère qu'on mettra cela à mon crédit !
    en revanche j'ai terminé hier "A la ligne" de Joseph Ponthus que j'ai beaucoup aimé : dans celui ci en revanche peu de complaisances sexuelles, à moins que votre fantasme soit de vous allonger nue sur des bigornos ou de danser joue contre joue avec une tête de vache.

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    1. Alors, là, comme ça, à froid, moyen... :-D
      Ceci étant dit, le livre de Ponthus est un de ceux qui m'intriguent le plus !

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  7. c'est bien aussi d'avoir des avis différents! Moi, je l'ai aimé sans bémol! A chacun son ressenti!

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  8. Et bien, voilà qui me refroidit carrément...Finalement ce n'est pas plus mal d'attendre un peu avant de se jeter sur le roman dont tout le monde parle :-)

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  9. ce roman me tentait, je vais encore attendre !

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  10. Oh ! c'est amusant, cette différence de ressenti si frappante ! Moi j'ai adoré sans restriction ! Mais il m'arrive souvent de me trouver dans ton cas, seule contre tous ! Mais il se peut que maintenant, émergent quelques avis plus mitigés, ça arrive souvent...

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  11. bon j'avoue que j'ai filé lire ton billet en voyant sur IG que tu n'étais pas très fan et merci pour le fou rire du soir sur notre sempiternelle ondulation ! Je suis assez dure avec les livres qui continuent de faire des personnages féminins de vieux fantasmes, je me souviens d'un roman que j'avais détesté l'an dernier (les femmes : mères ou sa.....)

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    1. :-)) Au moins, si j'ai fait rire une ou deux personnes, je n'ai pas tout perdu !
      Eh oui, en dépit des débats qui agitent notre société, les vieux clichés ont la vie dure...

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  12. Bon ! Autant le dire tout de suite, je viens de refermer ce livre et j’étais curieuse de lire ce qu’en pensait les autres. Merci pour votre avis qui reflète exactement ce que je pense ! J’aurais pu écrire les mêmes mots ! Tant sur la forme que le contenu. Je me sens un peu moins seule ! Sans rancune Zuckerman !

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    1. Eh bien je vous renvoie le compliment ! Ce roman a reçu un accueil plutôt enthousiaste, ce que je n'arrive toujours pas à comprendre... J'espère que votre prochaine lecture sera meilleure :-)

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  13. Je viens de terminer le livre ; Et je suis ravie de lire votre critique qui rejoint exactement ce que j'ai pensé du livre.
    Petit surdosage en description de corps feminins "sublimes" et de sexualité "virile"

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    1. J'avais été un peu surprise du succès de ce livre qui faisait l'objet de tant d'éloges. Mais finalement, je ne suis pas la seule à avoir ressenti un malaise à sa lecture...

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