dimanche 3 mars 2019

Nous aurons été vivants


Laurence Tardieu

Stock, 2019





La narratrice de ce livre est peintre, et si je devais comparer ce texte à une oeuvre picturale, je dirais volontiers qu’il s’agit d’une vanité. A travers l’histoire d’Hannah, Laurence Tardieu ne cesse en effet de tenter d’appréhender la fuite du temps et ne fait pas autre autre chose que constater la fugacité de la vie humaine.

Hannah, la soixantaine, n’a jamais connu l’insouciance. Enfant, elle venait se lover contre son frère, la nuit, et l’interrogeait : «Est-ce que tu n’as pas peur de mourir, toi ? (...) Tu te rends compte qu’un jour on va mourir, on va disparaître, on va tous disparaître.» Comment  aborder la vie sans éprouver ce vertige, surtout quand la violence du monde vient quotidiennement se rappeler à nous ? 
Est-ce ce poids dont elle ne parvient pas à se défaire qui a conduit sa fille à quitter du jour au lendemain le foyer familial, voilà sept ans, sans jamais donner de nouvelles ? Hannah n’en finit pas de s’interroger. Cette disparition n’est évidemment pas de nature à l’apaiser... Mais en marquant une rupture, en créant un avant et un après,  elle l’aide d’une certaine manière à saisir le passage du temps, ce temps d’une vie qui se sera si vite écoulée.

Si ce personnage d’Hannah peut à certains égards sembler larmoyant - et j’imagine que sa propension à la mélancolie est propre à irriter plus d’un lecteur -, il aborde les questions que tout individu, de manière plus ou moins aiguë et plus ou moins formalisée, peut être amené à se poser un jour ou l’autre : celles de la perception de son propre vieillissement, de sa place dans le monde, de la trace qu'il laissera, de la mémoire, de l’impact que peuvent avoir les soubresauts de l’Histoire sur nos existences... Des questions essentielles, donc, existentielles, exprimées dans ce roman avec beaucoup de délicatesse et de sensibilité.




10 commentaires:

  1. J'ai prévu de le lire et de retenter ainsi une expérience avec l'auteure parce que jusqu'ici ça ne s'est pas très bien passé (trop d'introspection à mon goût) ; celui-ci me semble être une occasion... nous verrons.

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  2. Etant donné que la mélancolie ne me dérange absolument pas (au contraire) et au vu des questionnements que l'auteure traitent, ça pourrait bien fonctionner entre lui et moi.

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    1. Banco ! Espérons que tu arrives à lui faire une place dans ta pal ;-)

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  3. Il est prévu, celui-ci. J'ai lu un roman de Tardieu, suis restée un peu extérieure... et depuis, je cherche par quoi la découvrir à nouveau.

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  4. je l'ai noté et j'hésite toujours... la mélancolie m'intéresse, mais il faut que je trouve le temps :-)

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