dimanche 19 octobre 2014

Depuis que la samba est samba

Paulo Lins
Asphalte, 2014


Traduit du portugais (Brésil) par Paula Salnot



Une chronique haute en couleur de Rio au début du XXe siècle.

Appréciant beaucoup la musique latino, particulièrement la salsa et la samba, j’ai été assez tentée par ce roman, dont je ne connaissais pas l’auteur, mais sur lequel j’avais lu cet été un entrefilet dans Le Monde des Livres. Or j’ai eu la chance de me le voir attribuer lors d’une opération Masse critique proposée par le site Babelio.
Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas été littéralement transportée par ce récit, qui présente néanmoins de l'intérêt ainsi que quelques atouts.

Dans un style plutôt vivant, Paulo Linz dépeint le Rio de Janeiro des années 1920. On y découvre plus particulièrement les quartiers chauds de cette mégapole et on y rencontre une population bigarrée. Prostituées et proxénètes y côtoient modestes blanchisseuses et dockers, adeptes de l’umbanda et du candomble - des religions afro-brésiliennes - y croisent les descendants d’Européens catholiques, et, bien sûr, Noirs et Blancs y cohabitent avec plus ou moins de tolérance et de respect mutuel.
C’est dans cette ambiance cosmopolite qu’est née, donc, la samba. On saisit parfaitement comment les rythmes existants se sont entremêlés pour donner naissance à cette musique nouvelle, populaire et festive. De jeunes hommes plus ou moins marginaux, mais créatifs, qui avaient envie de donner un grand coup de pied dans la fourmilière, ont apporté fraîcheur et nouveauté dans le paysage musical brésilien. Leurs créations furent récupérées par des vedettes en panne de créativité et dont le seul mérite fut de diffuser cette musique nouvelle à l’échelle internationale, tandis qu’elle se répandait au niveau local au travers de bals de quartiers et de cérémonies religieuses.
Cet aspect-là est brillamment mis en scène.

Ce qui m’a un peu gênée, en revanche, c’est l’omniprésence du sexe, dans sa dimension la plus primaire. Les femmes sont constamment réduites à des «chattes» roses ou noires, tandis que les hommes ont «la queue qui se durcit» à toutes les pages. Les différents personnages de l’histoire semblent exclusivement mus par leur instinct sexuel, les réduisant à mon sens à des individus totalement privés de libre-arbitre et de capacité de réflexion, leur ôtant par là de la crédibilité et finissant par installer une certaine lassitude.
C’est dommage, car le roman recèle aussi de bons moments et propose une lecture assez riche du contexte de la naissance de ce genre musical qu’est la samba.

Ajoutons que les éditions Asphalte ont eu la très bonne idée de proposer en fin d’ouvrage des références de morceaux musicaux sélectionnés par l’auteur lui-même et d’offrir un lien vers leur site afin de nous en faciliter l'écoute. Vous pouvez également cliquer ici pour y accéder!




2 commentaires:

  1. C'est dommage en effet, le thème était prometteur.

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    1. Oui, vraiment. Je ne comprends pas pourquoi l'auteur a à ce point accentué ce trait...

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