samedi 20 juillet 2013


Pour trois couronnes

François Garde
Gallimard, 2013

 


Une construction impeccable, une langue parfaitement maîtrisée : zéro défaut pour ce roman malheureusement trop lisse qui pêche par son manque de chaleur et de singularité.


On sait assez peu de choses de Philippe Zafar, héros de ce roman. Seulement qu'il a perdu son père très jeune, et qu'il a décidé pour gagner sa vie d'exercer une profession qu'il crée de toute pièce : curateur aux documents privés. Il propose ses services aux riches familles qui viennent de perdre un des leurs et qui ne souhaitent pas mettre elles-mêmes de l'ordre dans les affaires de l'être cher qui vient de s'éteindre.
Parmi les documents de feu Thomas Colbert, richissime entrepreneur américain, Philippe Zafar découvre trois pages manuscrites relatant une étrange aventure. S'agit-il un épisode réellement vécu par le défunt ? C'est ce que Philippe Zafar est chargé par sa veuve de découvrir.

Zafar mène l'enquête, entre l'Europe et l'Amérique, déroule le fil de la vie de Thomas Colbert ainsi que celui d'un couple dont il aurait quelques instants croisé le chemin, pour établir la véracité des quelques lignes énigmatiques. 

Cela l'emmène jusque sous les tropiques, dans une colonie imaginaire, et le confronte à une problématique aujourd'hui bien banale : un couple, dont le mari est stérile, cherche à avoir un enfant. Quelles solutions pouvaient s'offrir dans les années 1940, lorsqu'on ne connaissait pas encore les FIV et que les banques de sperme n'existaient pas ?
Le sujet est intéressant, il interroge au passage le sentiment de filiation. 

Mais l'écriture est très froide, très appliquée. François Garde écrit bien, certes, mais son style manque de cœur, de chaleur. On sent que chaque mot est pesé, maîtrisé - ce qui est loin d'être critiquable - mais ce faisant, il instaure une distance entre le lecteur et son récit. Il livre si peu de choses que son personnage perd en crédibilité. Les réflexions de Zafar sur sa propre existence et sur ce qu'il sait de son propre père semblent artificielles. Elles parasitent inutilement le récit, au lieu de le mettre en perspective, ce qui semblait pourtant être le dessein de l'auteur.

Pour ma part, je préfère un récit peut-être un peu plus maladroit, mais où transpire davantage de sincérité et de personnalité.

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