vendredi 19 juillet 2013

Je n'ai pas peur



Niccolo Ammaniti

Grasset, 2002 ; réédité par Robert Laffont en 2012


Traduit de l'italien par Myriem Bouzaher   
                                  

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Dans ce magnifique roman d'apprentissage, Niccolo Ammaniti dépeint avec talent ce moment irréversible où l'enfant perd son innocence pour entrer dans le monde des adultes.


Ce livre est un magnifique et effroyable roman d'apprentissage, se déroulant sur une période très brève : quelques jours dans la vie d'un petit garçon de 9 ans. Cette unité de temps, associée au style vif et alerte, qui reproduit le langage des enfants, concourt à l'efficacité et au charme de ce récit.

Tout commence dans la légèreté : Michele joue avec ses camarades et sa petite sœur Maria. C'est l'univers de l'enfance que nous dépeint Ammaniti, fait parfois de candeur, souvent d'espièglerie, mais aussi de cruauté. Déjà, parmi la bande de copains, on voit se dessiner une micro-société : les uns veulent être chefs, certains sont sûrs de leurs possessions et cherchent à engranger toujours davantage les biens qui leur semblent précieux, tandis que d'autres, comme Michele, bravent les interdits, se posent des questions et se refusent à obéir servilement lorsque cela leur semble dangereux.

Ce sont bien ces qualités que Michele va s'efforcer de déployer, non pas face aux amis de son âge, mais bien face aux adultes, lorsqu'il fait fortuitement une inquiétante découverte: l'existence d'un petit garçon maintenu prisonnier au fond d'un trou. 

Or cet événement va être l'occasion pour lui de poser un regard nouveau sur les grandes personnes, en particulier sur propre père et d'autres membres de son village. Michele se rend alors compte que ce père, symbole d'autorité jusqu'ici incontestable, peut, lorsqu'il se trouve avec d'autres adultes, être insulté sans même chercher à rétorquer; que les hommes peuvent se révéler aussi cruels que des chats jouant avec leur proie; que le monde des adultes est loin d'être aussi rassurant qu'il le croyait. Ainsi, Michele apprend que ce ne sont ni les monstres ni les fantômes qu'il doit craindre, mais bien plutôt les hommes, même ceux qui lui sont le plus chers...

Un roman dense et poignant qui mérite vraiment d'être lu.


4 commentaires:

  1. Très très beau billet, qui me remet dans l'ambiance de ce roman que j'avais adoré.

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    1. Merci Marie-Claude, d'autant qu'il y a vraiment une ambiance très particulière dans ce livre.

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  2. cet auteur va être vraiment ma grande découverte de ce mois italien!

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    1. Je pense que ton mois italien aura été pour nombre d'entre nous l'occasion de faire de belles découvertes... Un grand merci à toi !

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